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DEUX AMIES

s’égrenaient en un dessin rythmique. La robe semblait avoir été chiffonnée par les doigts d’une fée japonaise. Le corsage était plissé dans le dos.

Les manches moulaient les rondeurs graciles des bras et un bout de ruban, servant de ceinture, nouait la taille comme une bague de fiancée.

Le chapeau en paille de quatre sous n’avait pour garniture qu’un gros bouquet de fraises fraîches piqué dans une étoffe rose ancienne.

Ainsi, Luce était délicieusement jolie et semblait avoir dix-sept ans, avec ses cheveux emmêlés sur les cils, sa bouche ronde étonnée et ses grands yeux de velours sombre où passaient des curiosités brusques.

Jeanne pensa mourir de dépit quand elle se compara dans la glace à cette apparition de printemps, quand elle s’aperçut surtout de l’impression profonde que Mme Thiaucourt produisait sur Mlle Moïnoff.

Mais n’avait-elle pas préparé elle-même le piège qu’elle destinait à engluer la jeune femme, et de quoi se plaignait-elle ?