Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
DEUX AMIES

un caniche, jusqu’à l’humilité et éprouva presque de l’affection pour son mari. Eva d’ailleurs, que M. de Tillenay avait suppliée, revenait sur sa décision cruelle, revoyait son amie, moins souvent qu’autrefois, il est vrai, mais cela n’était-il pas préférable à une séparation absolue ? Stanislas, fatigué par ces orages passagers, reprit son existence inutile et paresseuse. Ils avaient renoncé tout à fait à avoir un enfant, et faisaient à nouveau chambre à part, comme le voulait Mlle Moïnoff.

Cependant ni l’un ni l’autre n’abandonnaient leur aiguillon premier, la tentation d’héritage, qui les bourrelait. Ils modifièrent seulement leur plan. Puisqu’il leur était si malaisé de combattre par un autre poupon vagissant et querelleur l’influence de l’enfant, ils détruiraient en tout cas le crédit de la mère et la rendraient odieuse à Mlle de Souville. Il s’agissait de l’attirer, de la détraquer, de la corrompre peu à peu, de lui infiltrer leur vice morbide, de jeter en pâture cette innocence trop bien conservée à quelque cajoleuse de la force d’Eva. On s’arrangerait ensuite