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LES PARISIENNES

finissant par des crises de nerfs, des bouderies d’une semaine durant lesquelles elle ne desserrait pas les dents et refusait de se lever. Elle l’exaspérait. Il ne pouvait sortir une heure sans qu’elle se lamentât et l’accusât de galvauder leur fortune et d’entretenir dix maîtresses. Elle le blessait dans son amour-propre en lui demandant ensuite d’ironiques pardons qui l’accablaient plus cruellement que des reproches. Comment était-elle assez bête pour le soupçonner ? Quelle femme eût accepté un tel fantoche, qui n’avait même pas le courage et la force de s’attarder dans l’alcôve conjugale ?

Cette guerre sourde dégénéra en de tels abus qu’un jour M. de Tillenay, poussé à bout, perdit la tête et, comme un dompteur de ménagerie, roua de coups de cravache le corps frêle de sa femme. Elle hurlait, demandant grâce, se tordant sur le tapis ; mais inflexible, il la fouetta jusqu’à ce que son bras engourdi n’eût plus la force de frapper.

Cet acte de mâle, cette brutalité inattendue retourna Jeanne. Elle devint soumise comme