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LES PARISIENNES

passion. Ils s’épuisèrent vainement à chercher leur jeunesse, leurs forces précocement abolies. L’inanité de leurs efforts les irritait, les accablait.

Quel philtre, en effet, eût été assez vivace et puissant pour ressusciter ces deux êtres atrophiés et inféconds ? L’homme débile que, durant toute l’enfance, des domestiques roulaient pelotonné dans une petite voiture, qui s’était virilisé tardivement, entouré de médecins et ranimé par des traitements énergiques et des bains de sang. La femme éreintée par ses habitudes de débauche, plus vieille que son âge avec ses traits tirés, ses yeux que balafraient des cernures profondes, ses hanches maigres sur lesquelles la peau se plissait comme du satin qui a été mouillé.

Et ils se reprochaient mutuellement cette stérilité incurable qui entravait leurs projets. Ils se renvoyaient des injures grossières, des mots de carrefour qui soulageaient leur dépit amer. Chaque mois, M. de Tillenay et sa femme attendaient le résultat souhaité, comptaient les dates, se réjouissaient d’un retard,