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DEUX AMIES

cependant n’avait jamais voulu consentir à se marier. Les prétendants lui apparaissaient comme des chasseurs affamés de dot, attirés par l’appât de sa fortune. Et elle les éloignait d’un coup farouche de sa jambe claudicante, comme on chasse les mouches qui s’abattent, gourmandes, sur un gâteau tiède.

Qui l’eût aimée d’une affection sincère et profonde, comme il convient lorsqu’on doit marcher désormais côte à côte et chercher le bonheur par les mêmes chemins ? Qui l’eût adorée, ainsi laide et infirme ?

Quelque malingreux comme elle, bon pour procréer des enfants difformes. Autant valait rester fille jusqu’au repos dernier.

Elle en souffrait cruellement, navrée de sa solitude, de n’avoir autour d’elle aucune tête enfantine à cajoler de tendresses, aucun baby dont la voix claire chanterait sous les charmilles avec les oiseaux, dont les jouets s’éparpilleraient dans les allées.

Et après son dîner — par les fins de journées d’été, où le crépuscule tombe comme une subtile poudre d’or, avec des frôlements de