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LES PARISIENNES

Bois et lui apprenait à conduire. Et il détaillait au passage les amazones et les équipages que croisait leur phaéton, il égayait Jeanne de son bagout insolent, des anecdotes croustillantes ramassées dans les couloirs du Cirque ou au pesage d’Auteuil. On aurait cru, à l’entendre, que la société ressemblait à une épave mangée aux vers, vermoulue, pourrie, que les hautes marées ont jetée à la côte, qu’il n’y avait pas dans Paris une femme honnête et un mari heureux. Et le cocher achevait l’éducation de sa maîtresse, remuait un tel fumier, dépeignait de tels vices, que Jeanne en était tout émerveillée, tout alléchée.

Elle eût voulu imiter Mme Musard, transformer les boxes de son écurie en de véritables boudoirs, avec des auges de marbre blanc et des trumeaux de Chaplin rosant les murs de leurs nudités claires.

Son linge, ses mules, ses jupes apportaient dans l’appartement une odeur de litière dont s’imprégnaient peu à peu les tapis et les meubles.