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LES PARISIENNES

son mari comme à un groom, l’indifférence glaciale avec laquelle elle refrénait ses tentatives de réconciliation, lui prouvaient assez que la jeune femme le considérait comme un être neutre à reléguer dans l’ombre, une doublure qu’on utilise suivant son caprice.

Puis Stanislas n’était pas assez bête pour ignorer que la plupart des procès conjugaux, des méchantes histoires de ménages lézardés proviennent d’une maladresse du mari, d’une impression fâcheuse dont le souvenir se grave comme une tache de rouille et que les tendresses d’ensuite n’effacent point.

La femme n’oublie pas sa première nuit de femme, — l’heure mystérieuse où la vie s’ouvre devant elle, où en une souffrance vite passée elle apprend les joies de la possession, de tout l’être qui s’abandonne, qui s’annihile dans un autre être.

Et elle ne pardonne pas les désillusions de l’oreiller, les bévues qui révoltèrent sa pudeur instinctive, les ridicules qu’elle surprit dans sa gaminerie d’enfant querelleuse. Elle les revoit perpétuellement comme au travers d’un verre