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rieuse la soutenait, la défendait. Et lassée, haletante, elle s’affala dans les verdures fleuries qui couvraient les berges. L’eau l’attirait. L’eau lui parlait.

Et l’Abandounado songeait avec une mélancolie amère qu’elle n’avait pas d’autre amie, qu’elle n’avait jamais connu d’autres caresses que les baisers frissonnants de l’eau, qu’elle n’avait jamais dormi mieux que sur les herbes épaisses qui tapissaient la rivière, qu’elle n’avait jamais entendu de paroles aussi douces que le murmure assoupi, éperdu, traînant sur les pierrailles.

Elle regardait les trous profonds où ondulaient comme des draps de soie verte. Elle n’avait plus aucune force. Elle voulait dormir, dormir