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dans le ciel, elle se sauvait loin de la ville, vers la rivière qui coulait paresseusement dans l’ombre large des arbres. À demi-nue, l’échine courbée, attentive, elle longeait les berges, soulevant les pierres, emplissant son panier d’écrevisses.

Elle connaissait les bons endroits, les trous endormis sous les feuilles, les traînées de pierrailles sur lesquelles l’eau déchirée se lamente sourdement. Elle aimait cette fraîcheur qui l’engourdissait dans tous ses membres. Elle avait des coquetteries de femme en se mirant dans la nappe verte de la rivière comme en un miroir transparent. Elle s’arrêtait parfois pour écouter les trilles d’un merle et le frisselis vague qui bruissait dans les branches. Et, dans