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de cuivres étincelants, le meuble empire du salon, le carrelage luisant des chambres, les immenses armoires de la lingerie d’où s’évaporaient des odeurs de lavande et de fraîche lessive, et le jardin régulièrement planté de buis taillés et de rosiers. Ah ! le bon temps de jeunesse trop vite rayé du calendrier !

Il y avait alors à Saint-Martejoux une pauvre petite gueuse qui courait nu-pieds les rues et vendait des écrevisses. On entendait tout le jour sa voix grêle criant de porte en porte sur un air monotone :

« Escrébissos ! Escrébissos ! Soun toutos en bio ! Soun toutos frescos ! »

Un matin d’octobre, on l’avait ramassée dans un terrain vague, où elle geignait parmi les hautes herbes,