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la plupart des joyaux, au lieu d’être dans le trésor, étoient en gage chez le Banquier[1] de la Cour, qui avoit prêté de l’argent, lorsque Salabetzing, Souba du Décan, accompagné de M. de Bussi, étoit venu aux portes de Syringpatnam, & avoit forcé

  1. Il y a dans toutes les grandes villes de l’Indostan, & principalement dans les Cours, de riches banquiers, nommés saucars ; ils sont tous Guzerates, ou originaires de ce pays. Ce sont de très-habiles négocians réputés généralement de bonne foi ; ils font, proprement dit, le commerce de banque, prêtant & empruntant, fournissant ou prenant des lettres de change sur tous les pays, même sur les lieux où ils n’ont pas de correspondans, & ils se servent pour faire les fonds des lettres qu’ils fournissent sur les pays où ils n’ont point de correspondans, de porteurs d’argent, qui se chargent du transport à tant par lieue, pour quelque pays que ce soit. Ce sont des gens à toute épreuve ; & on raconte qu’un de ces hommes ayant emporté une somme considérable à un banquier de Madras, les gens de son état s’étant assemblés, remboursèrent au banquier, sans y être obligés, la somme qui lui avait été volée ; & que deux d’entr’eux furent à Goa où s’était réfugié le voleur ; qu’ils lui coupèrent la tête, la portèrent à Madras & furent de maison en maison chez tous les banquiers & négocians pour la faire voir, afin que