Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de vue l’occasion de rapiner & de s’enrichir, faisoient subsister l’armée au moyen des traités avec des Fournisseurs avec qui ils étoient intéressés, vexant les habitans de Madras & du pays, sous le prétexte de ces Fournitures, de la manière la plus odieuse[1].

  1. Ce Conseil, pour rapiner, imagina deux moyens singuliers : au lieu de faire fournir à leurs troupes de l’arac du pays, qui étoit aisé à trouver par-tout, ils imaginèrent de leur donner du rumb, qu’il falloit tirer de Batavia, au moyen de quoi il y eut un traité pour cette fourniture. Personne n’ayant voulu se charger de fournir les bœufs nécessaires pour l’artillerie, les bagages, &c., ils s’ingérèrent de prendre par force ceux qui appartenoient aux gens de la ville & de la campagne ; mais, au lieu de les acheter sur le pied de six à huit pagodes leur valeur, ils en payoient le louage une pagode par mois. Ils payoient à la fin du premier mois une pagode ; mais à la fin du second, ils disoient au Propriétaire que son bœuf étoit mort, & on le passoit en compte à la Compagnie comme acheté sa valeur, quoiqu’il ne revînt par cette friponnerie qu’à une pagode. Si le Propriétaire avoit voulu donner un valet pour le conduire, il lui auroit coûté cinq roupies par mois, au lieu de trois & demi que vaut la pagode à Madras. Au moyen de cette belle manœuvre, en peu de tems, le pays fut dépourvu de bestiaux, personne ne voulant en