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dix ans ; les plus anciennes sont rangées, selon leurs dates, en plusieurs paquets : les nouvelles sont pêle-mêle ; il m’en reste plusieurs qui datent de ma première jeunesse.

Quel plaisir de revoir dans ces lettres les situations intéressantes de nos jeunes années, d’être transportés de nouveau dans ces temps heureux que nous ne reverrons plus !

Ah ! mon cœur est plein ! Comme il jouit tristement lorsque mes yeux parcourent les lignes tracées par un être qui n’existe plus ! Voilà ses caractères, c’est son cœur qui conduisit sa main, c’est à moi qu’il écrivait cette lettre, et cette lettre est tout ce qui me reste de lui !

Lorsque je porte la main dans ce réduit, il est rare que je m’en tire de toute la journée. C’est ainsi que le voyageur traverse rapidement quelques provinces d’Italie, en faisant à la hâte quelques observations superficielles, pour se fixer à Rome pendant des mois entiers. — C’est la veine la plus riche de la mine que j’exploite. Quel changement dans mes idées et dans mes sentiments ! quelle différence dans mes amis ! Lorsque je les examine alors et aujourd’hui, je les vois mortellement agités pour des projets qui ne les touchent plus maintenant. Nous regardions comme un grand malheur un événement ; mais la fin