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« — Malheureux humains ! écoutez la vérité qui vous parle par ma bouche : vous êtes opprimés, tyrannisés ; vous êtes malheureux ; vous vous ennuyez. — Sortez de cette léthargie !

« Vous, musiciens, commencez par briser ces instruments sur vos têtes ; que chacun s’arme d’un poignard : ne pensez plus désormais aux délassements et aux fêtes ; montez aux loges, égorgez tout le monde ; que les femmes trempent aussi leurs mains timides dans le sang !

« Sortez, vous êtes libres ; arrachez votre roi de son trône, et votre Dieu de son sanctuaire ! »

— Eh bien, ce que le tigre a dit, combien de ces hommes charmants l’exécuteront ? — Combien peut-être y pensaient avant qu’il entrât ? Qui le sait ? — Est-ce qu’on ne dansait pas à Paris il y a cinq ans[1] ?

« Joannetti, fermez les portes et les fenêtres. — Je ne veux plus voir la lumière ; qu’aucun homme n’entre dans ma chambre ; mettez mon sabre à la portée de ma main, sortez vous-même, et ne reparaissez plus devant moi ! »


  1. On voit que ce chapitre fut écrit en 1794 ; il est aisé de s’apercevoir en lisant cet ouvrage qu’il fut laissé et repris (Note de l’Auteur.)