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mollesse des monarques de l’Asie. — Ces réflexions me rendaient indifférents les plaisirs qu’on m’avait défendus : et, de réflexions en réflexions, mon accès de philosophie devenait tel, que j’aurais vu un bal dans la chambre voisine, que j’aurais entendu le son des violons et des clarinettes, sans remuer de ma place ; — j’aurais entendu de mes deux oreilles la voix mélodieuse de Marchesini[1], cette voix qui m’a souvent mis hors de moi-même, — oui, je l’aurais entendue sans m’ébranler : — bien plus, j’aurais regardé sans la moindre émotion la plus belle femme de Turin, Eugénie elle-même, parée de la tête aux pieds par les mains de mademoiselle Rapous[2]. — Cela n’est cependant pas bien sûr.





  1. Ce chanteur, dont le talent se produisit avec éclat sur les grandes scènes de l’Europe, était en castrat, qui, en réalité, se nommait Louis Marchesi. Né en 1755, il quitta le théâtre en 1806, avec une belle fortune dont il sut faire le meilleur usage, et mourut à la fin de 1829, à Milan.
  2. Fameuse marchande de mode à l’époque du Voyage autour de ma chambre. (Note de l’Auteur.)