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vaut pas l’agréable bruit de la musique et de la danse ; mais, parmi les brillants personnages qu’on rencontre dans ces fêtes, il en est certainement de plus ennuyés que moi.

Et pourquoi m’attacherais-je à considérer ceux qui sont dans une situation plus agréable, tandis que le monde fourmille de gens plus malheureux que je ne le suis dans la mienne ? — Au lieu de me transporter par l’imagination dans ce superbe casin[1], où tant de beautés sont éclipsées par la jeune Eugénie, pour me trouver heureux je n’ai qu’à m’arrêter un instant le long des rues qui y conduisent. — Un tas d’infortunés, couchés à demi nus sous les portiques de ces appartements somptueux, semblent près d’expirer de froid et de misère. — Quel spectacle ! Je voudrais que cette page de mon livre fût connue de tout l’univers ; je voudrais qu’on sût que, dans cette ville, où tout respire l’opulence, pendant les nuits les plus froides de l’hiver, une foule de malheureux dorment à découvert, la tête appuyée sur une borne ou sur le seuil d’un palais.

Ici, c’est un groupe d’enfants serrés les uns contre les autres pour ne pas mourir de froid.

  1. Lieu de réunion, en italien casino.