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CHAPITRE XXIII.

Je ne dirai qu’un mot de l’estampe suivante.

C’est la famille du malheureux Ugolin expirant de faim : autour de lui, un de ses fils est étendu sans mouvement à ses pieds ; les autres lui tendent leurs bras affaiblis et lui demandent du pain, tandis que le malheureux père, appuyé contre une colonne de la prison, l’œil fixe et hagard, le visage immobile, — dans l’horrible tranquillité que donne la dernière période du désespoir, — meurt à la fois de sa propre mort et de celle de tous ses enfants, et souffre tout ce que la nature humaine peut souffrir.

Brave chevalier d’Assas, te voilà expirant sous cent baïonnettes, par un effort de courage, par un héroïsme qu’on ne connaît plus de nos jours !

Et toi qui pleures sous ces palmiers, malheureuse négresse ! toi qu’un barbare, qui sans doute n’était pas Anglais, a trahie et délaissée ; — que dis-je ? toi qu’il a eu la cruauté de vendre comme une vile esclave malgré ton amour et tes services, malgré le fruit de sa tendresse que tu portes dans ton sein, — je ne passerai point devant ton image sans te rendre l’hom-