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L’homme n’est rien qu’un fantôme, une ombre, une vapeur qui se dissipe dans les airs…

Mais l’aube matinale commence à blanchir le ciel ; les noires idées qui m’agitaient s’évanouissent avec la nuit, et l’espérance renaît dans mon cœur. — Non, celui qui inonde ainsi l’orient de lumière ne l’a point fait briller à mes regards pour me plonger bientôt dans la nuit du néant. Celui qui étendit cet horizon incommensurable, celui qui éleva ces masses énormes, dont le soleil dore les sommets glacés, est aussi celui qui a ordonné à mon cœur de battre et à mon esprit de penser.

Non, mon ami n’est point entré dans le néant ; quelle que soit la barrière qui nous sépare, je le reverrai. — Ce n’est point sur un syllogisme que je fonde mes espérances. — Le vol d’un insecte qui traverse les airs suffit pour me persuader ; et souvent l’aspect de la campagne, le parfum des airs, et je ne sais quel charme répandu autour de moi, élèvent tellement mes pensées, qu’une preuve invincible de l’immortalité entre avec violence dans mon âme et l’occupe tout entière.