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Et pourquoi refuserais-je mon affection à cet être caressant qui n’a jamais cessé de m’aimer depuis l’époque où nous avons commencé de vivre ensemble ? Ma mémoire ne suffirait pas à faire l’énumération des personnes qui se sont intéressées à moi et qui m’ont oublié. J’ai eu quelques amis, plusieurs maîtresses, une foule de liaisons, encore plus de connaissances ; — et maintenant je ne suis plus rien pour tout ce monde, qui a oublié jusqu’à mon nom.

Que de protestations, que d’offres de services ! Je pouvais compter sur leur fortune, sur une amitié éternelle et sans réserve !

Ma chère Rosine, qui ne m’a point offert de service, me rend le plus grand service qu’on puisse rendre à l’humanité : elle m’aimait jadis, et m’aime encore aujourd’hui. Aussi, je ne crains point de le dire, je l’aime avec une portion du même sentiment que j’accorde à mes amis.

Qu’on en dise ce qu’on voudra.