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non plus de tout ce qui a produit le chapitre du portrait que de ce qui se passe dans la lune. C’était lui qui de son propre mouvement m’avait présenté l’éponge mouillée, et qui, par cette démarche, en apparence indifférente, avait fait parcourir à mon âme cent millions de lieues en un instant. Au lieu de le remettre à sa place, il le tenait pour l’essuyer à son tour. — Une difficulté, un problème à résoudre, lui donnait un air de curiosité que je remarquai.

« Voyons, lui dis-je, que trouves-tu à redire dans ce portrait ?

« — Oh ! rien, monsieur.

« — Mais encore ? »

Il le posa debout sur une des tablettes de mon bureau ; puis, s’éloignant de quelques pas : « Je voudrais, dit-il, que monsieur m’expliquât pourquoi ce portrait me regarde toujours, quel que soit l’endroit de la chambre où je me trouve. Le matin, lorsque je fais le lit, sa figure se tourne vers moi, et si je vais à la fenêtre, elle me regarde encore et me suit des yeux en chemin.

« — En sorte, Joannetti, lui dis-je, que, si la chambre était pleine de monde, cette belle dame lorgnerait de tout côté et tout le monde à la fois ?