CHAPITRE XIV.
J’ai dit que j’aimais singulièrement à méditer dans la douce chaleur de mon lit, et que sa couleur agréable contribue beaucoup au plaisir que j’y trouve.
Pour me procurer ce plaisir, mon domestique a reçu l’ordre d’entrer dans ma chambre une demi-heure avant celle où j’ai résolu de me lever. Je l’entends marcher légèrement et tripoter dans ma chambre avec discrétion, et ce bruit me donne l’agrément de me sentir sommeiller : plaisir délicat et inconnu de bien des gens.
On est assez éveillé pour s’apercevoir qu’on ne l’est pas tout à fait et pour calculer confusément que l’heure des affaires et des ennuis est encore dans le sablier du temps. Insensiblement mon homme devient plus bruyant ; il est si difficile de se contraindre ! d’ailleurs il sait que l’heure fatale s’approche. — Il regarde à ma montre, et fait sonner les breloques pour m’avertir ; mais je fais la sourde oreille ; et, pour allonger encore cette heure charmante, il n’est sorte de chicane que je ne fasse à ce pauvre malheureux. J’ai cent ordres préliminaires à lui