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À ces mots, Alecton plonge le mécréant
Au fond de l’eau bouillante, et de son bras puissant
Referme pour toujours, frémissant de colère,
Le couvercle de la chaudière.




L’AMITIÉ DES CHIENS.


FABLE.


Aux rayons du soleil, deux chiens de bonne mine,
    Couchés tout près de la cuisine,
    Reposaient amicalement
Et discouraient, au lieu d’aboyer au passant.
Un chien bien élevé n’est méchant qu’à la brune ;
De là vient le proverbe : Aboyer à la lune.
  Nos compagnons médisaient des humains
  À qui mieux mieux, parlaient du sort des chiens.
  Du cuisinier et de son avarice,
    De certains maîtres sans pitié,
  Du bien, du mal, enfin de l’amitié.
« Il n’est point, disait l’un, de mal que n’adoucisse
« Le tendre sentiment de deux cœurs bien unis ;
    « Tout est plaisir pour des amis :
« Le bonheur est doublé, la peine est partagée ;
« Sans rien dire on jouit, rien qu’à se regarder.
    « Mon âme serait soulagée,
  « Et mon emploi me semblerait léger,
« Si, par exemple, ici nous vivions de la sorte.
« Destinés à garder tous deux la même porte,
« Affables l’un pour l’autre, empressés, généreux,
« Nous pourrions dans la paix couler des jours heureux ;