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    Mégère a bientôt suspendu
    Deux grands chaudrons de fer fondu,
Qu’à l’ordre de Minos, de leurs mains parricides.
    Remplissent d’eau les Danaïdes.
    Les nouveaux venus, stupéfaits,
Se regardent, et font une laide grimace,
    En voyant ces tristes apprêts.
Ils grimpent cependant, et vont prendre leur place.
    Sous le Voleur on allume aussitôt
Un grand tas de bois sec de deux toises de haut,
    Enduit de soufre et de bitume.
      Déjà le bûcher fume ;
Il pétille, et la flamme entoure le chaudron,
    Au grand déplaisir du larron,
Qui se repent d’avoir fureté sur la route.
Le tourbillon de feu monte jusqu’à la voûte.
  Notre écrivain était mieux partagé :
  Un petit feu prudemment ménagé
    Réchauffait doucement le sire,
Qui voyait sans pitié son camarade cuire.
Mais, quelque temps après, l’eau commence à frémir,
    Et le philosophe à gémir.
    L’impitoyable Tisiphone
Ajoute un peu de bois : voilà l’eau qui bouillonne,
    Le fond du pot devient brûlant.
L’Auteur soulève un pied, puis l’autre… Au même instant,
    Vaincu par la douleur extrême,
    Veut-il se plaindre, à chaque mot
    La Furie ajoute un fagot ;
Tant qu’à la fin il s’emporte, il blasphème,
    Et voit d’un œil plein de fureur
Le feu depuis longtemps éteint sous le Voleur.
« Eh quoi ! je subirai cet horrible supplice, »
Dit-il, « je brûlerai pendant l’éternité,