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Vole aussitôt la consoler ;
Dis-lui que son amant respire,
Que pour elle seule il soupire…
Mais, hélas ! tu ne peux parler.

Étale ta riche parure
Aux yeux de mes jeunes enfants ;
Témoin de leurs jeux innocents,
Plane autour d’eux sur la verdure.
Bientôt, vivement poursuivi,
Feins de vouloir te laisser prendre
De fleur en fleur va les attendre
Pour les conduire jusqu’ici.

Leur mère les suivra sans doute,
Triste compagne de leurs jeux ;
Vole alors gaîment devant eux,
Pour la distraire de la route.
D’un infortuné prisonnier
Ils sont la dernière espérance :
Les douces larmes de l’enfance
Pourront attendrir mon geôlier.

À l’épouse la plus fidèle
On rendra le plus tendre époux ;
Les portes d’airain, les verroux
S’ouvriront bientôt devant elle.
Mais, ah ! ciel, le bruit de mes fers
Détruit l’erreur qui me console ;
Hélas ! le papillon s’envole…
Le voilà perdu dans les airs !