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grâce la dette contractée dans le Prospectus. On remonta en carrosse : nos jeunes militaires trouvèrent plaisant de débusquer les cochers et de se mettre à leur place. Il fallait voir surtout le chevalier Galatée, avec une énorme moustache postiche, conduisant le carrosse des voyageurs. C’était une gaieté, un enthousiasme, une aimable folie dont on ne se forme pas d’idée. C’est dans ce bel équipage qu’on entra en ville, couronné de rubans et de feuillage, au bruit des tambours et des instruments : on parla beaucoup de lauriers ; mais j’observai que les voyageurs y répugnaient (ils en trouveront ailleurs). Un grand nombre de personnes de tout rang, parmi lesquelles se trouvaient tous les souscripteurs, précédaient les carrosses. Tout le cortège reconduisit d’abord le chevalier [de] Maistre ; deux vieillards de vingt-cinq ans le tirèrent du carrosse et le portèrent sur leurs bras au Président, son père : il n’est pas nécessaire de vous dire que ce bon papa était déjà averti du départ et de l’heureuse arrivée du ballon. On se rendit ensuite chez M. Brun ; malheureusement, son père était absent ; mais que manque-t-il à la tendresse quand on possède une mère ? Celle de M. Brun triompha du triomphe de son fils : elle reçut les compliments et les embrassades de tout le monde,