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de bois paraissaient une provision suffisante. On était dans l’erreur, et cette erreur a rendu l’expérience beaucoup moins brillante.

D’abord, les voyageurs s’amusèrent à faire la conversation et à contempler la beauté du spectacle qu’ils avaient sous les yeux. Durant cet accès d’admiration, le feu déclinait et le ballon baissait ; on crut même dans l’enclos qu’il allait toucher terre ; mais les voyageurs, s’apercevant qu’ils avaient baissé, ranimèrent le feu, et bientôt on les vit se relever. La plus haute ascension, marquée par les observateurs, fut de 506 toises[1] ; néanmoins (tout orgueil à part), les Argonautes aériens ont quelques doutes sur cette estimation. Assurément, rien n’égale la haute considération dont ils font profession pour les graphomètres et pour les tables des sinus ; mais quand ils songent que les signaux dont ils étaient convenus pour marquer l’instant où ils voulaient être lorgnés n’ont point été aperçus ; que l’un des observateurs s’est vu forcé par les circonstances d’observer presque perpendiculairement dans une position embarrassante ; quand ils se rappellent qu’ils ont vu au-dessous d’eux la

  1. C’est-à-dire de 986 mètres, estimation sur laquelle l’auteur a raison d’avoir des doutes, s’il est vrai que le ballon se soit élevé nu-dessus des dents de Nivolet et de Granier.