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verselle ? Non ! Il n’y a qu’un ange ou un sot qui puisse l’entreprendre, Mais vous, mon cher comte, qui réunissez à tant de talents celui de la peinture que vous possédez à un si haut degré de perfection, écoutez-moi, Broyez vos couleurs ! Prenez votre toile, vos pinceaux : je veux vous offrir un modèle digne de vous. Voyez dans l’enclos ces jeunes personnes fixant des yeux humides sur ce ballon qui fuit comme la flèche, Peignez-moi cela ! Faites-moi voir sur ces visages la pâleur de la crainte, l’extase de l’admiration et le sourire de la tendresse ; rendez-moi ce sentiment qui les suspend sur leurs sièges, et ce geste machinal qui va chercher le ballon dans les airs, qui le soutient, le dirige et lui défend de tomber sur les rocs. Allons, mon cher ami, courage ! Soyez sublime, soyez vous-même ! Et que votre tableau dise comme vos modèles : « Mon frère est là ! » — Mais vous allez me dire que vous n’êtes ni ange ni sot : continuons.

A quelques toises d’élévation, M. Brun se tourne sur l’enclos et salue l’assemblée avec beaucoup de sang-froid. Son compagnon, sentant qu’il était temps de quitter sa première attitude, se lève, prend le porte-voix, et fidèle aux promesses du Prospectus, il crie de toutes ses forces :