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vent à la fois ; on ne s’entend plus. En vain M. Tiollier, dont le zèle égale les talents, avertit qu’on va tout perdre ; un ouvrier s’écrie dans un style qu’il n’est pas possible de bien rendre : « Jetons-le bas ! Peut-être il partira. » Ce beau conseil est suivi : l’infortuné ballon, au lien d’être lancé, est jeté, et fidèle aux lois sacrées de la gravitation, il va tomber sur le pré au pied de l’estrade. Dans sa chute, il rencontre un clou énorme planté imprudemment dans le mât. Le clou s’engage dans le filet et en fait sauter vingt mailles. Cette secousse prodigieuse fit tomber le ballon de côté ; et ce fut là ce qui nous fit craindre un moment pour un des voyageurs qui se trouvait au-dessus du foyer par la chute oblique de la galerie. Cependant il n’arriva rien de malheureux. Les secours furent prompts, et les cordes coupées lestement, le ballon, débarrassé de son pesant attirail, s’éleva seul et fut bientôt renversé par le poids du filet : il ne perdit à ce jeu que sa doublure de papier et une portion de deux ou trois fuseaux brûlés un peu au-dessous de l’équateur.

Jugez maintenant, mon cher ami, de l’excellence de tant d’épigrammes à la glace décochées contre le ballon de Chambéry ! Nous nous sommes trompés sur quelques points, et c’est tout : voyez