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Mais à quoi servent les ballons ? – Écoutez, illustres critiques ! C’est parce que nous ne le savons pas que nous faisons des ballons pour l’apprendre. Contemporains des premiers globes électriques, vous auriez sans doute conseillé de les briser, comme vous voudriez maintenant brûler nos ballons : car cette électricité, qui nous a conduits aux paratonnerres et aux belles expériences de MM. Cavallo, Ledru, Quinquet, Bertholon[1], etc., cette électricité qui va bientôt se lier à d’autres phénomènes pour révéler peut-être les plus grands secrets de la nature, ne fut longtemps qu’une merveille stérile. En général, toute découverte qui apprend à l’homme des faits dont il ne se doutait pas, ou qui l’investit de forces nouvelles, doit être accueillie avec transport, parce qu’avec ces forces ou ces connaissances, il peut voyager à travers une région inconnue aux générations passées, et que c’est pour lui le comble de l’imprudence et même du ridicule de dire hardiment : « Je ne veux point

  1. Des quatre savants cités trois, en effet, se sont beaucoup occupés d’électricité : Tibère Cavallo, physicien napolitain ; Pierre Bertholon, médecin lyonnais, et Nicolas-Philippe Ledru, qui s’est rendu fameux comme prestidigitateur sous le nom de Comus. Quant à Quinquet, c’est un fait bien connu qu’il s’est approprié l’invention de la lampe à courant d’air et à cylindres, due au docteur Argand, de Genève.