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thousiasme ne fut plus plus pardonnable ; la machine aérostatique nous semble à tous égards digne des honneurs du fanatisme, et peut-être n’est-il pas au pouvoir de l’homme de l’envisager froidement. Il y a dans cette expérience, indépendamment de toute idée d’utilité, quelque chose d’imposant qui subjugue les sens et commande l’admiration. L’art de naviguer, ou même de s’élever dans les airs, ne passait plus de nos jours que pour une chimère, destinée, comme le mouvement perpétuel, à l’amusement de quelques cerveaux creux : rien ne paraissant plus visiblement au-dessus des forces humaines, la tentative seule jetait sur les téméraires un vernis de ridicule ; et l’opinion publique déterminée par le sort de tous les Icares passés, croyait leur faire honneur en les plaçant un peu au-dessus des insensés.

Et voilà que tout à coup, contre l’attente universelle, dans le fond d’une province, et sans respect pour les calculs de tant de grands hommes qui démontraient la folie de l’entreprise par a moins x, MM. de Montgolfier[1] s’em-

  1. La première expérience publique faite par les frères Montgolfier eut lieu, le 5 juin 1783, sur la grande place d’Annonay, en présence des États du Vivarais. Elle fut répétée le 27 août suivant, sous la direction du physicien Charles, au Champ de Mars, à Paris.