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la vie semble se ranimer et donner quelques moments d’espoir à l’être qu’elle va bientôt abandonner, comme pour lui cacher les approches de cette heure terrible que personne ne doit connaître.

Prascovie, la veille de sa mort, se promena quelque temps dans les cloîtres avec moins de fatigue qu’à l’ordinaire : enveloppée chaudement dans une pelisse, elle s’assit à la porte du couvent. Le soleil d’hiver semblait la ranimer ; l’aspect de la neige brillante lui rappelait la Sibérie et les temps écoulés. Un traîneau de voyageurs passa devant elle et s’éloigna rapidement : l’espérance fit encore palpiter son cœur. « Le printemps prochain, dit-elle à son amie, si je me porte mieux, j’irai faire une visite à mes parents à Wladimir, et vous m’accompagnerez, n’est-ce pas ? » En disant ces mots, le plaisir brillait dans ses yeux, mais la mort était sur ses lèvres. Sa compagne tâchait de lui montrer un visage riant et de retenir ses larmes prêtes à couler.

Le lendemain, 8 décembre, jour de la fête de sainte Barbe, elle eut encore la force d’aller à l’église pour communier ; mais le soir, à trois heures, elle se trouva plus mal et se plaça sur son lit sans se déshabiller, pour prendre du repos. Plusieurs religieuses étaient dans sa cellule,