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après avoir prié quelques instants avec elle au pied des autels, elle s’éloigna doucement, entra dans le chœur où se trouvaient les autres religieuses, et parut au travers de la grille. « Adieu, mes bons parents, leur dit-elle ; votre fille appartient à Dieu, mais elle ne vous oubliera pas. Père chéri, mère tendre, faites, faites le sacrifice que Dieu vous commande, et qu’il vous bénisse mille fois ! » Prascovie, trop émue, s’appuya contre la grille ; des larmes longtemps retenues couvrirent son visage. La malheureuse mère, hors d’elle-même, s’élança vers sa fille en sanglotant : l’abbesse fit un signe de la main ; au même instant un rideau fut tiré. Les religieuses entonnèrent le psaume : Heureux les hommes irréprochables dans leur foi qui marchent dans la loi du Seigneur ! On entraîna Lopouloff et sa femme à la porte de l’église, où leur voiture les attendait : ils avaient vu leur fille pour la dernière fois.

La nouvelle religieuse s’assujettit sans peine à la règle austère du couvent : elle mettait à l’exécution de ses devoirs la plus grande exactitude, et gagna de plus en plus l’estime et l’affection de toute la communauté ; mais sa santé, qui s’affaiblissait visiblement, ne pouvait supporter la, vie pénible que son nouvel état exigeait d’elle : sa poitrine était attaquée. Le couvent de Nijeni, construit