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Les habitants d’Ischim, qui connaissaient Lopouloff, ainsi que les prisonniers qui se trouvaient dans le village, vinrent chez lui dès qu’ils en eurent connaissance. Ceux de ses anciens compagnons d’infortune qui tournaient en ridicule l’entreprise de Prascovie, ceux surtout qui lui avaient refusé les secours dont ils pouvaient disposer pour son voyage, auraient bien voulu maintenant y avoir contribué. Lopouloff reçut les félicitations de tout le monde avec reconnaissance ; et son bonheur aurait été complet, sans le regret qu’il éprouvait de laisser en captivité ses deux amis, dont il ignorait encore la bonne fortune.

Ces deux hommes, déjà vieux, étaient en Sibérie depuis la révolte de Pougatcheff, dans laquelle ils avaient été malheureusement impliqués dans leur jeunesse. Lopouloff s’était plus étroitement lié avec eux depuis le départ de sa fille ; eux seuls, parmi toutes ses connaissances, avaient pris un intérêt sincère au sort de la voyageuse. Pendant longtemps leurs entretiens ne roulaient que sur elle, et sur les chances heureuses ou malheureuses qu’ils prévoyaient tour à tour, suivant que la crainte ou l’espérance les agitait. Lopouloff offrit de leur laisser une partie des secours qu’il avait reçus ; mais ils n’acceptèrent pas son offre. « Nous n’en avons pas besoin, dit l’un d’eux, et