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pèlerinage pour Kiew. Ce fut en remplissant ce pieux devoir et en méditant sur tout ce que la Providence avait fait en sa faveur, qu’elle prit la détermination irrévocable de consacrer ses jours à Dieu. Tandis qu’elle se préparait à ce sacrifice et qu’elle prenait le voile à Kiew, son père recevait, en Sibérie, la nouvelle inattendue de sa liberté ; sa fille était partie depuis plus de vingt mois, et, par une fatalité inexplicable, ses parents n’avaient jamais reçu de ses nouvelles. Pendant cet intervalle, l’empereur Alexandre était monté sur le trône : à son heureux avènement un grand nombre de prisonniers avaient été rappelés ; mais ceux d’Ischim n’étaient pas du nombre. Le sort de Lopouloff et de sa femme n’en était devenu que plus cruel. Privés désormais de tout espoir, ainsi que de la présence de l’enfant chéri qui les avait aidés à supporter la vie, ils étaient prêts à succomber sous le poids de leurs maux, lorsqu’un courrier du gouverneur de Tobolsk vint les tirer de cet abîme. Ils reçurent, avec l’ukase de leur délivrance, un passe-port pour rentrer en Russie et une somme d’argent pour leur voyage.

Cet événement, et les circonstances qui l’avaient amené, firent beaucoup de bruit en Sibérie.