Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/400

Cette page n’a pas encore été corrigée

de son père, et la crainte seule de nuire à la cause de ses parents avait pu l’empêcher de suivre ses bonnes intentions. Heureusement pour ces malheureux, la bonté de l’empereur lui donna l’occasion de leur être utile. Lorsque l’ukase définitif de la délivrance de son père fut expédié en Sibérie, en lui faisant annoncer cette heureuse nouvelle, Sa Majesté chargea le ministre de lui demander si elle n’avait rien à désirer personnellement pour elle-même. Elle répondit aussitôt que si l’empereur voulait encore lui accorder une grâce après l’avoir comblée de bonheur par la délivrance de son père, elle le suppliait d’accorder la même faveur aux deux infortunés compagnons de ses parents. M. de K*** rendit compte à l’empereur de la noble reconnaissance qui portait la jeune fille à sacrifier les faveurs de Sa Majesté pour rendre service à deux hommes qui lui avaient offert quelques kopecks à son départ de la Sibérie. Son désir fut exaucé, et l’ordre de leur rappel partit quelques jours après celui qui concernait son père.

Ainsi le mouvement de générosité qui avait porté les deux hommes à secourir de leurs faibles moyens la voyageuse à son départ leur valut la liberté.

Prascovie, ayant obtenu tout ce qu’elle désirait, songea bientôt à remplir ses vœux, et repartit en