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dans une société de personnes instruites qui ne faisaient pas attention à elle, et d’entendre leurs discours : elle regardait alors tour à tour chaque interlocuteur à mesure qu’il parlait, et l’écoutait avec une attention particulière, n’oubliant rien de ce qu’elle avait entendu ou pu comprendre.

Lorsqu’elle était avec ses connaissances intimes, elle ramenait involontairement la conversation sur l’accueil bienveillant que lui avaient fait les deux impératrices. Elle rappelait avec sensibilité chacune de leurs paroles, et ne pouvait en parler sans que des larmes de reconnaissance vinssent humecter ses paupières ; elle était heureuse alors d’entendre chacun enchérir sur les sentiments d’admiration qu’elle témoignait, et s’étonnait de ce qu’on n’en parlait pas assez souvent à son gré.

L’ukase du rappel de son père tarda cependant plus qu’elle ne s’y était attendue. Tandis que ses amis aplanissaient les difficultés de cette affaire, Prascovie n’oubliait point les deux prisonniers qui, lors de son départ d’Ischim, lui avaient offert de partager leur petit trésor avec elle. Souvent elle avait parlé d’eux aux personnes qui pouvaient influer sur leur sort : mais ses protecteurs lui avaient unanimement conseillé de ne pas ajouter cette démarche à celles qu’on faisait en faveur