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à l’Ermitage. Ce superbe palais, dont les richesses et l’élégance donnent l’idée d’une féerie, lui causa plus de plaisir que tout ce qu’elle avait admiré jusqu’alors. Elle voyait pour la première fois des tableaux, et parut prendre un grand plaisir à les examiner. Elle reconnut d’elle-même plusieurs sujets tirés de l’Écriture sainte ; mais en passant devant un grand tableau de Luca Giordano, qui représente Silène ivre, soutenu par des bacchantes et des satyres : « Voilà, dit-elle, un vilain tableau ! Que représente-t-il ? » On lui répondit que le sujet était tiré de la Fable. Elle demanda de quelle fable. Comme elle n’avait aucune idée de la mythologie, il eût été difficile de lui donner une explication satisfaisante. « Tout cela n’est donc pas vrai ? disait-elle. Voilà des hommes avec des pieds de chèvre. Quelle folie de peindre des choses qui n’ont jamais existé, comme s’il en manquait de véritables ! » Elle apprenait ainsi, à l’âge de vingt et un ans, ce qu’on apprend ordinairement dans l’enfance. Cependant sa curiosité ne la rendait jamais indiscrète : elle faisait rarement des questions, et tâchait de comprendre ou de deviner elle-même ce que ses observations lui présentaient de singulier et de nouveau.

Rien ne l’intéressait autant que de se trouver