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coup, saisie de respect et de crainte. « Ah ! c’est donc là, dit-elle, le trône de l’empereur ! Voilà donc ce que je craignais si fort en Sibérie ! » L’effroi que lui causait jadis cette idée, le souvenir des bienfaits de l’empereur, la pensée de la délivrance prochaine de son père, remplirent son cœur reconnaissant d’un trouble inexprimable. Elle joignait les mains en pâlissant. « Voilà donc, répétait-elle d’une voix altérée, et prête à se trouver mal, le trône de l’empereur ! » Elle demanda la permission de s’en approcher, et s’avança toute tremblante, soutenue par ses deux conductrices, vivement touchées elles-mêmes de cette scène inattendue. Prascovie, à genoux au pied du trône, en baisait les marches avec transport et les mouillait de ses larmes. « Ô mon père, s’écriait-elle, voyez où la puissance de Dieu m’a conduite ! Ô mon Dieu ! bénissez ce trône, bénissez celui qui l’occupe, et faites que ses jours soient remplis de tout le bonheur dont il m’a comblée ! »

On eut quelque peine à l’entraîner dans un autre appartement ; mais elle demanda bientôt à se retirer, fatiguée des vives émotions qu’elle venait d’éprouver, et l’on remit à un autre jour la visite du reste du palais.

Quelque temps après, les deux dames la conduisirent