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Les domestiques étaient aussi obligeants que leur maîtresse était bonne et généreuse. Elle mangeait à la table de la princesse, que son grand âge et ses infirmités empêchaient souvent de paraître, et n’avait jamais l’occasion de lui parler en particulier. Bientôt les personnes de la société s’accoutumèrent à sa présence et ne s’occupèrent plus d’elle. La jeune étrangère avait souvent fait parler à la princesse du but de son voyage et de ses espérances ; mais soit que cette dame en regardât le succès comme impossible, soit que les personnes qui s’étaient chargées de lui parler l’eussent négligé, ses prières n’eurent aucun résultat, et toutes ses espérances étaient uniquement fondées sur la protection de ses amis de Wassili-Ostrow, qu’elle voyait assez souvent.

Pendant qu’elle était encore chez son premier hôte, un officier de la chancellerie, M. V***, secrétaire des commandements de S. M. I. l’impératrice mère, lui avait conseillé de présenter une requête pour obtenir des secours, et s’était chargé lui-même de la faire parvenir. M. V***, croyant secourir un pauvre ordinaire, lui avait destiné cinquante roubles, et lui fit dire de passer chez lui. Elle s’y présenta le matin lorsqu’il était en ville, et fut reçue par Mme V***, qui l’accueillit amicalement, et qui entendit le récit de ses