Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/387

Cette page n’a pas encore été corrigée

de son sein et d’en sortir péniblement la lettre. Les jeunes personnes présentes chuchotaient et riaient tout bas. La princesse prit la lettre et la lut avec attention. Pendant ce temps, un des partners qui avait arrangé son jeu et que cette visite ennuyait fort, jouait impatiemment des doigts sur la table en regardant la nouvelle arrivée qui venait troubler son plaisir, et qui crut reconnaître en lui le gros monsieur qui avait refusé sa supplique au sénat. Lorsqu’il vit la princesse replier sa lettre, il dit d’une voix formidable : « Boston ! » Prascovie, déjà déconcertée, voyant qu’il la regardait fixement, crut qu’il lui adressait la parole, et répondit : « Que vous plaît-il, monsieur ? » ce qui fit rire tout le monde. La princesse lui dit qu’elle était charmée de connaître sa bonne conduite et son amour pour ses parents : elle promit de lui être utile ; et, après avoir dit quelques mots en français à une dame de sa maison, elle la congédia d’un signe de tête.

Pendant les premiers jours qu’elle passa chez sa nouvelle protectrice, Prascovie se trouva fort isolée et fort embarrassée ; elle aurait préféré être retenue chez ses amis de Wassili-Ostrow, ou même chez le marchand, Cependant, après quelques jours, elle fut plus à son aise dans la maison, et fit connaissance avec les personnes qui l’habitaient.