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ses espérances, que ce puissant intérêt l’emporta bientôt sur sa tristesse.

Lorsqu’elle arriva chez la princesse avec son conducteur, le portier lui ouvrit la porte. Prascovie, le voyant tout galonné, crut que c’était encore un sénateur qui sortait de la maison, et lui fit la révérence : « C’est le portier de la princesse, » lui dit à voix basse le marchand. Arrivée au haut de l’escalier, le portier donna deux coups de sonnette dont elle ne comprit pas bien la raison ; mais comme elle avait vu quelquefois des sonnettes à la porte des boutiques, elle pensa que c’était une précaution contre les voleurs. En entrant dans le salon, elle fut intimidée par l’air de cérémonie et par le silence qui y régnaient : jamais elle n’avait vu d’appartement si orné, et surtout si bien éclairé. La société était nombreuse et disposée en groupes : les jeunes gens jouaient autour d’une table dans un coin de la chambre, et tous les regards étaient fixés sur elle. La vieille princesse était à une partie de boston avec trois autres personnes ; dès qu’elle aperçut la jeune fille, elle lui ordonna de s’approcher. « Bonjour, mon enfant, lui dit-elle. Avez-vous une lettre pour moi ? » Malheureusement Prascovie avait oublié de la préparer, elle fut obligée de tirer un petit sac