Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/382

Cette page n’a pas encore été corrigée


Tandis qu’elle examinait la statue, sa compagne lui fit observer que le pont de la Néva, qui était tout près, était replacé ; des voitures sans nombre se rendaient à Wassili-Ostrow et en revenaient. « Avez-vous la lettre de recommandation pour madame de L*** ? lui demanda-t-elle ; je ne suis pas pressée, et je puis vous conduire à sa porte. » Il était de bonne heure encore, et Prascovie y consentit. Elles passèrent le pont : le fleuve, qui n’était quinze jours auparavant qu’une plaine de glaçons mouvants, dégagé maintenant de toutes ses neiges et couvert de vaisseaux et d’embarcations de toute espèce, la surprit agréablement. Tout était en mouvement autour d’elle ; le temps était superbe ; elle sentait redoubler son courage, augurant bien de la visite qu’elle allait faire. « Il me semble, dit-elle en embrassant sa conductrice, que Dieu est avec moi et qu’il ne m’abandonnera pas. »

Elle trouva madame de L*** déjà prévenue de son arrivée par une lettre d’Ékatherinembourg, et reçut d’obligeants reproches lorsqu’on apprit qu’elle était depuis si longtemps à Pétersbourg. La réception affectueuse et cordiale qu’elle éprouvait lui rappela vivement la maison et la société de madame Milin. Lorsque la connaissance fut