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qu’elle rencontrerait. Elle vit plusieurs personnes descendre de voiture et monter l’escalier, ayant des étoiles sur la poitrine : elles avaient toutes une épée, des bottes et un uniforme ; quelques-unes avaient des épaulettes. Elle pensa que c’étaient des officiers et des généraux, attendant toujours de voir arriver un sénateur, qui, d’après l’idée qu’elle s’en était formée, devait avoir quelque chose de particulier qui le ferait reconnaître, et n’offrit sa supplique à personne. Enfin, vers trois heures après midi tout le monde s’écoula ; et Prascovie, se voyant seule, se retira la dernière, fort étonnée d’avoir vu tant de monde au sénat sans rencontrer un sénateur. À son retour elle fit part de son observation à la marchande, qui eut beaucoup de peine à lui faire comprendre qu’un sénateur était fait comme un autre homme, et que ceux qu’elle avait vus étaient précisément les sénateurs auxquels elle aurait dû remettre sa supplique.

Le lendemain, à l’heure de la rentrée du sénat, elle se trouva sur l’escalier, et présenta son écrit à tous les arrivants pour ne pas manquer les sénateurs, sur la nature desquels il lui restait encore quelques doutes ; mais personne ne voulut le recevoir. Elle vit enfin arriver un gros monsieur avec un cordon rouge, un uniforme rouge, une