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de remettre avec l’activité nécessaire ses lettres de recommandation, qui auraient pu lui être bien plus utiles.

Munie de sa supplique, notre intéressante solliciteuse se rendit un matin au sénat, monta le grand escalier, et pénétra jusque dans une des chancelleries ; mais elle se trouva fort embarrassée parmi tant de monde, ne sachant à qui s’adresser. Les secrétaires, dont elle s’approchait avec sa supplique, lui jetaient un coup d’œil, et se remettaient froidement à écrire ; d’autres personnes qui la rencontraient dans la chambre, au lieu de l’écouter ou de recevoir sa supplique, se détournaient d’elle, comme on ferait d’un meuble ou d’une colonne qui barre le chemin. Enfin un des invalides, gardes de la chancellerie, qui traversait rapidement la salle, l’ayant rencontrée, se détourna sur la droite pour passer, tandis que Prascovie en faisait autant du même côté pour lui faire place, de manière qu’ils se heurtèrent rudement. Le vieux garde, de mauvaise humeur, lui demanda ce qu’elle voulait. La jeune fille lui présenta sa supplique, en le priant de la donner au sénat. Cet homme, la croyant une mendiante, pour toute réponse la prit par le bras et la mit à la porte. Elle n’osa plus rentrer, et demeura le reste de la matinée sur l’escalier, dans l’intention de présenter sa supplique au premier sénateur