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montra son passe-port et demanda l’hospitalité pour la nuit, ce qui lui fut accordé. Bientôt entourée de plusieurs religieuses amenées par la curiosité dans l’appartement de l’abbesse, elle répondit aux interrogations multipliées qui lui furent faites, et raconta les aventures pénibles de son voyage avec tant de simplicité et une éloquence si naturelle, qu’elle fit répandre des larmes aux dames qui l’écoutaient et leur inspira le plus vif intérêt. On la combla de caresses et de soins ; l’abbesse la logea dans son propre appartement, et forma dès lors le projet de la retenir au couvent et de la compter au nombre de ses novices.

Prascovie s’était proposé depuis longtemps de prendre le voile si son entreprise réussissait. On a vu précédemment que, jusqu’à son arrivée à Ékatherinembourg, elle avait cru que la ville de Kiew était sur le chemin de Pétersbourg. C’était dans cette ville qu’elle s’était promis de faire ses vœux dans la suite ; elle espérait voir en passant les fameuses catacombes, honorer les reliques des saints qu’elles renferment [1], et s’arrêter une place pour

  1. Les catacombes de Kiew sont de vastes galeries souterraines, attenantes à la cathédrale, desservies par les religieux d’un ancien et riche couvent. On conserve dans ces souterrains une immense quantité de saints grecs, dont les corps intacts, exposés à la vénération des fidèles, sont recouverts de riches habits qui laissent voir les visages, les mains et les pieds. Les chairs desséchées ont à peu près la couleur et la solidité du bois acajou.