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CHAPITRE IV.

Ma chambre est située sous le quarante-cinquième degré de latitude, selon les mesures du père Beccaria[1] : sa direction est du levant au couchant ; elle forme un carré long qui a trente-six pas de tour, en rasant la muraille de bien près. Mon voyage en contiendra cependant davantage ; car je la traverserai souvent en long et en large, ou bien diagonalement, sans suivre de règle ni de méthode. — Je ferai même des zigzags, et je parcourrai toutes les lignes possibles en géométrie, si le besoin l’exige. Je n’aime pas les gens qui sont si fort maîtres de leurs pas et de leurs idées, qui disent : « Aujourd’hui je ferai trois visites, j’écrirai quatre lettres, je finirai cet ouvrage que j’ai commencé. »

Mon âme est tellement ouverte à toutes sortes d’idées, de goûts et de sentiments ; elle reçoit si avidement tout ce qui se présente !… — Et pourquoi refuserait-elle les jouissances qui

  1. Le P. Beccaria (mort en 1781), qu’il ne faut pas confondre avec le célèbre économiste du même nom, son contemporain, professa la physique à l’université de Turin. Il fut chargé par le roi de relever la mesure d’un degré du méridien en Piémont.