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n’ayant plus d’autre occupation que celle de remercier la Providence de ses faveurs. »

Lorsqu’elle sortit de l’église, le soleil se couchait : elle s’arrêta quelque temps sous la porte, frappée de la belle vue qui se présentait à ses regards. La ville de Nijeni Novogorod, située au confluent de deux grands fleuves, l’Oca et le Volga, offre, du point où elle se trouvait, un des plus beaux sites que l’on puisse contempler : son étendue lui paraissait immense et lui inspirait une espèce de crainte.

En partant d’Ischim, Prascovie ne s’était représenté que les dangers physiques qu’elle pouvait courir : elle était préparée d’avance à braver la faim et les froids les plus rigoureux, la mort elle-même ; mais depuis que la société commençait à lui être connue, elle entrevoyait des obstacles d’un autre genre, contre lesquels tout son courage ne pouvait la soutenir. Après avoir échappé au désert, elle pressentait cette affreuse solitude des grandes villes, où le pauvre est seul au milieu de la foule, et où, comme par un horrible enchantement, il ne voit autour de lui que des yeux qui ne regardent pas et des oreilles sourdes à ses plaintes.

Depuis qu’elle avait connu les dames d’Ékatherinembourg, un nouveau sentiment des bienséances, et un peu d’orgueil peut-être, lui rendaient plus