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sur les eaux qui descendent dans le Volga. Prascovie, n’ayant pas les moyens de se procurer une voiture et de voyager en poste, profita d’une des nombreuses embarcations qui portent en Russie le fer et le sel par la Tchousova et la Khama.

Son conducteur lui épargna tous les embarras de ce long voyage, qu’elle n’aurait pu faire seule sans courir de grands dangers ; mais son malheur voulut que cet homme tombât malade en traversant les défilés, et fût contraint de s’arrêter dans un petit village sur les bords de la Khama : elle fut donc encore livrée à elle-même et privée de tout appui. Elle fit heureusement le trajet jusqu’à l’embouchure de la Khama dans le Volga. Depuis ce lieu, le bateau, remontant le fleuve, était tiré par des chevaux. La voyageuse éprouva dans ce dernier trajet un accident qui lui fit courir les plus grands dangers. Pendant un de ces violents orages qui sont très-fréquents dans ces contrées, les bateliers, voulant éloigner la barque du rivage, poussèrent avec force une grande rame, qui servait de gouvernail, du côtés où plusieurs personnes étaient assises sur le bord du bateau, et n’eurent plus le temps de la retirer : trois passagers, au nombre desquels était Prascovie, furent renversés dans le fleuve. On les retira aussitôt, et la jeune fille