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point encore de ce qu’elles avaient le pouvoir de faire, et de ce qu’elles firent en effet plus tard, pour l’aider dans son entreprise.

Prascovie se trouvait bien heureuse chez elles. Les caresses et la noble familiarité de ces personnes distinguées avaient un charme tout nouveau pour elle ; aussi le souvenir du temps fortuné qu’elle passa dans leur société ne sortait point de sa pensée. Lorsque dans la suite elle racontait cette partie de son histoire, le nom chéri de madame Milin amenait toujours dans ses yeux des larmes de reconnaissance.

Cependant sa santé se trouvait fort ébranlée : la nuit désastreuse qu’elle avait passée dans la forêt lui avait laissé un rhume violent que les grands froids n’avaient fait qu’augmenter. Elle profita de son séjour à Ékatherinembourg pour se soigner, et surtout pour apprendre à lire et à écrire. Cette circonstance de sa vie donnerait une bien mauvaise idée de ses parents, pour avoir négligé jusqu’à ce point l’éducation de leur unique enfant, si la pensée d’un exil éternel ne leur avait peut-être fait envisager comme inutile, ou même dangereuse, toute instruction pour leur fille, destinée en apparence à vivre dans les dernières classes de la société. Cette profonde ignorance, et l’abandon total dans lequel elle avait vécu jusqu’alors,