Page:Maistre Xavier de - Oeuvres completes, 1880.djvu/363

Cette page n’a pas encore été corrigée

même, ne répondirent rien. « Puis-je voir madame Milin ? répéta la voyageuse. — Mais, dit enfin une des femmes, la voilà ! » Prascovie, en se retournant, vit madame Milin qui ouvrait les bras pour la recevoir. Oh ! je savais bien que madame Milin ne pouvait pas être une méchante femme, » dit la jeune fille en lui baisant les mains. Cette petite scène fit le plus grand plaisir à sa bienfaitrice.

Elle envoya chercher son amie, madame G***, aussi bonne et aussi charitable qu’elle, pour lui recommander la jeune voyageuse, et pour aviser ensemble aux moyens de lui être utile. Après le déjeuner, et lorsque Prascovie se fut un peu familiarisée avec ses nouvelles protectrices, elle leur raconta dans le plus grand détail l’histoire malheureuse de ses parents, et ne leur cacha pas le projet extraordinaire qu’elle avait formé d’aller à Saint-Pétersbourg demander la grâce de son père.

Madame Milin, sans trop croire au succès de son entreprise, ne l’en détourna pas ; mais les deux dames résolurent de la retenir jusqu’au printemps. Le froid était devenu excessif. La voyageuse elle-même voyait l’impossibilité de continuer sa route pendant la rigueur de la saison ; et les dames, qui voulaient la garder, ne lui parlèrent